Les acteurs de la corrida

Le matador

Le matador est le principal des toreros: comme son nom l'indique, il est chargé de tuer le taureau. Sa responsabilité recouvre :
- les passes de capote (en même temps que ses peones)
- amener le taureau au cheval (lors du tercio de piques) ;
- les passes de muleta ;
- la mise à mort par l'estocade et éventuellement le descabello.


Généralement, il y a six taureaux et trois matadors par corrida. Chaque matador combat donc deux taureaux : le matador le plus ancien combat les premier et quatrième, le deuxième par ordre d'ancienneté combat les deuxième et cinquième, le plus jeune combat les troisième et sixième.

 

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Les membres de la cuadrilla

Chaque matador est assisté par une cuadrilla, équipe de « subalternes » à son service.

Les peones


Les peones sont les aides du matador. Ils l'assistent lors des différentes phases de la lidia, notamment au premier tercio. Le plus souvent, ils posent également les banderilles, c'est pourquoi le terme « banderillero » qui, désigne celui qui pose les banderilles, est couramment utilisé comme synonyme de « peón ».
Dans chaque cuadrilla il y a trois peones.


Les picadors


Le picador plante les piques dans l'échine du taureau lors du premier tercio. Chaque cuadrilla compte deux picadors, qui officient à tour de rôle.

Les autres assistants du matador

Le mozo de espadas


Le mozo de espadas (« valet d'épées ») assiste le matador depuis la contrepiste. Il lui fournit un capote de remplacement en cas de déchirure, lui tend les banderilles s'il les pose lui-même, lui remettra l'épée à la fin de la faena de muleta. Il entretient le matériel et l'habit de lumières, s'occupe des réservations d'hôtel, hier des billets de train, aujourd'hui des billets d'avions quand le matador doit toréer le lendemain dans une ville éloignée, sert de chauffeur, de conseiller technique, d'interprète, etc.


L'apoderado


Littéralement « fondé de pouvoir ». C'est l'équivalent de l'impresario dans le show-business, du manager dans la boxe.


Le président et ses assesseurs


Le président est chargé de l'ordre de la place. Il ordonne le début de chaque course, les changements de tercios, l'attribution des trophées. Ses décisions sont notifiées à l'aide de mouchoirs (blancs pour le changement de tercio et l'attribution des trophées, rouge pour ordonner la pose de banderilles noires, orange pour gracier le taureau, vert pour ordonner son changement, bleu pour lui accorder une vuelta al ruedo).
En Espagne, c'est un commissaire de police, désigné par les autorités étatiques. En France, selon le règlement de l'Union des villes taurines françaises (UVTF), il est désigné par le maire de la commune ; le plus généralement, il sera choisi parmi les présidents des clubs taurins locaux.
Il est assisté de deux assesseurs. En Espagne, ils sont désignés par les autorités de l'État, comme le président. Il est toutefois possible de désigner comme assesseur un matador retraité. En Andalousie, depuis le 1er avril 2006, peuvent également être nommés assesseurs des « aficionados notoirement compétents».


L'alguazil


Les alguaziles sont les « policiers » de la place. Au nombre de deux, ils défilent en tête du paseo. Sous les ordres du président, ils veillent au respect du règlement par tous les acteurs. Le cas échéant, ils remettent également les trophées au matador. C'est également l'un d'entre eux qui remet au torilero (« gardien du toril ») la clé du toril.


Le personnel de l'arène

 
Les areneros sont chargés de remettre la piste en état après chaque taureau.
Les hommes en rouge, on les appelle souvent monosabios, terme qui signifie « singes savants » : vers 1847, les areneros des arènes de Madrid avaient été dotés d'un uniforme auquel nombre de spectateurs trouvèrent une ressemblance avec celui d'une troupe de singes savants qui se produisait alors dans la capitale espagnole. Ils sont chargés d'aider le picador et le cheval en piste.
Les mulilleros sont les personnes chargées de l'attelage de mules évacuant la carcasse en fin de course.

La musique

 
L'air du toréador de Carmen  de Georges Bizet qui accompagne le paseo dans la presque totalité des arènes du sud-est de la France.
Le paso doble et son « tacatchac tacatchac » qu'Igor Stravinski de passage à Madrid écoutait fasciné de sa chambre d'hôtel, sont inséparables de la corrida. La musique accompagne le paseo et fait patienter le public entre deux taureaux. Elle souligne une faena de muleta qui commence à atteindre les sommets de la qualité, ainsi que la pose des banderilles lorsqu'elle est faite par le matador lui-même. Elle accompagne parfois la pose des banderilles par un peón lorsque, lors de la pose d'une paire précédente, ce peón a été particulièrement brillant. Enfin, quand le picador pique avec le regatón, le plus souvent cette pique supplémentaire se fait en musique.
Faire jouer la musique en cours de faena de muleta est déjà une récompense. L'ordre de jouer est donné par le président (sauf à Séville où c'est le chef d'orchestre qui décide) ; souvent une partie du public la réclame en criant « música, música ». À Madrid, depuis 1939, la musique ne joue jamais en cours de faena.

L'empresa

 
C'est l'organisateur de la corrida, celui qui engage les matadors, achète les taureaux, et espère engranger les bénéfices.
Dans les plus grandes arènes, l'empresa est une entreprise privée. Certaines empresas sont propriétaires des arènes (en Espagne, Barcelone, Saint-Sébastien, Logroño, entre autres), d'autres sont locataires des arènes qui appartiennent aux collectivités locales (Arles, Nîmes, Madrid, Valence) ou à des privés (en France notamment Béziers où les arènes appartiennent à une société anonyme ; en Espagne, notamment Séville où les arènes appartiennent à une confrérie militaro-religieuse, la Real Maestranza de Caballería).
Dans d'autres arènes, c'est une émanation de la mairie : régie municipale en France ou organisme similaire en Espagne. C'est le cas notamment en France de Dax.
Dans les plus petites arènes, où les bénéfices sont plus aléatoires, l'empresa est le plus souvent une association loi de 1901 (ou équivalent en Espagne).

Le public

Le public est varié. Traditionnellement, on classe les spectateurs en deux grandes catégories : les « toreristas » et les « toristas ».
Les toreristas seraient essentiellement attirés par l'art du matador, son adresse, l'élégance de ses passes. Tant pis si son art ne s'exerce que devant des taureaux souvent faibles, voire trop faibles, et d'une noblesse qui frise la « soseria » (« stupidité »), tant pis si trop souvent le spectacle n'est pas au rendez-vous tellement le taureau est inexistant.
Les toristas seraient essentiellement attirés par le spectacle du taureau démontrant sa bravoure, surtout face au picador. Ils n'apprécieraient que les matadors qui mettent en valeur le taureau, révèlent ses qualités et ses défauts. Tant pis si bien souvent, le spectacle n'est pas au rendez-vous, les taureaux étant trop difficiles, voire impossibles à toréer ; tant pis si les matadors qui affrontent ce genre de taureaux sont souvent condamnés à le faire en raison de l'insuffisance de leur talent.
À ces deux principales catégories, il faut ajouter les«touristes » reconnaissables essentiellement au fait qu'ils parlent anglais, allemand, italien, néerlandais, ou français avec l'accent « pointu ». À noter toutefois que nombre d'Anglais, d'Allemands ou de Parisiens sont des aficionados très connaisseurs, alors que nombre d'Espagnols ou de méridionaux qui ne se rendent à la corrida qu'un fois l'an, dans leur ville, sont sans doute des « casi-touristes ».