Javier Conde

 

 

Pourquoi faire une page sur Javier Conde ? On aime aussi bien Juan Bautista, El Juli, Jose Tomas et d'autres encore. Tout d'abord pour faire plaisir aux membres féminins du Club ( particulièrement pour notre vice-présidente) et aussi pour sa manière très particulière de toréer. Torero très controversé sur son style, il ne laisse pas indifférent.

Conde torée dans un registre qui se rapproche très fortement du flamenco. Certains disent que c’est une danseuse. Je dirai, oui, si ce mot ne sonnait pas d’une manière péjorative dans leurs bouches. C'est un danseur de flamenco, dans le sens ou la danse flamenca s’inspire des paroles du chanteur. Ce style de musique n’est qu’une question de sentiments et ces funambules s’inspirent de celle-ci pour exprimer cela avec le corps. Javier exprime ce sentiment avec une muleta et une gestuelle particulière qui vous hérisse les poils et qui nous prend au plus profond de nos tripes. Je finirai en disant, à tous les médisants, que Conde est un torero flamenco qui ne fait pas que danser mais au contraire il embarque le toro, avec temple, inspiration et profondeur, dans un ballet esthétique.

 

Comme tous les artistes il est parfois incompris, mais tous ses mouvements de capote et de muleta sont une ode à la tauromachie. Une faena de Conde peut avoir quelque chose de magique, une beauté fulgurante (mais relevons qu'il peut aussi manquer d'inspiration ou plutôt que lui et le toro peuvent manquer d'inspiration car Conde ne danse pas seul).

 

 

Javier est né le 19 février 1975 à Malaga. Son père, Francisco Conde a d'abord été novillero sous le nom de Curro Conde, puis gardien des arènes de Málaga. Sa mère était danseuse de flamenco. Il fait ses débuts le 25 juin 1989 à Benalmádena, (province de Málaga), dans des becerradas, avant de passer en novillada piquée le 8 avril 1991 à Buenamadre (province de Salamanque. En 1994, il produit une forte impression à Nîmes avec un toreo gitan très personnel. « Tel un danseur de flamenco, la chevelure gominée et le ton grave, il défia ses adversaires dans une sorte de ballet tragique qui fit sensation.»

Javier est marié à Estrella Morante Cotelo, chanteuse de flamenco et fille d'Enrique Morente, figure du Flamenco, mort récemment,

 

 

Le style

Ce torero « halluciné », agitanado (d'inspiration gitane) connaît des fluctuations à l'instar de Julio Aparicio. Il donne l'impression d'être habité lorsqu'il torée de manière sublime. Torero artiste provoquant de fortes émotions, il peut aussi, comme tous les toreros atypiques, alterner les coups de génie et les échecs, mais il a toujours eu de fervents partisans.

Selon Jean-Marie Magnan, à Nîmes, le 31 mai 1998, son duende « métamorphose le torero en une sorte de mage. Malgré l'emploi des cosmétiques, la chevelure en-calamistrée des années 1920 retombe sur l'absence fascinée de regard.». Torero très sobre dans les ,kikirikis * les trincheras, les molinetes belmontiste * il ne recherche pas les effets faciles, bien que les puristes aient souvent critiqué sa théâtralité et sa chorégraphie.

Sa carrière

Débuts en novillada avec picadors : Úbeda (Espagne, province de Jaén) le 29 mars 1992 aux côtés de Paco Delgado et Francisco Moreno. Novillos de la ganadería de Andrés Ramos.

 

Alternative : Málaga le 16 avril 1995. Parrain, « El Niño de la Capea » ; témoin, « Jesulín de Ubrique ». Taureaux de la ganadería de Zalduendo.

Confirmation d’alternative à Mexico :28 janvier 1996. Parrain, Eloy Cavazos ; témoin, Manolo Mejía, face au taureau Membrillo de la ganadería de Arroyo Zarco.

Confirmation d’alternative à Madrid :17 mai 1999. Parrain, José Luis Bote ; témoin, Finito de Córdoba . face à Malaguero taureau de la ganadería de Charro

 

 

Pour finir, un poème extrait de «Javier, a la siete de la tarde » nouvelle d'Olivier Péant

 

 Le soleil insolent a investi la place 

Faisant se pavaner des éventails ravis.

Les belles, trop fardées, rivalisent de grâce,

Faisant se sentir forts leurs hommes en sursis.

 

La musique se fait, et les yeux s’écarquillent

Pour voir enfin entrer les trois poètes fous.

Dans le cirque éclatant de nos rêves vanille,

Le public applaudit à s’en tordre le cou.

 

Cinq toros sont sortis, cinq cornus insipides

Au moral indécis et au physique absent.

Les fous y sont allés, et ont bien fait semblant,

Mais leurs âmes, cachées, n’ont pas pris une ride.

 

Xabi est atterré, Lucia attend la fin.

Les spectateurs, déçus, planifient leur soirée,

Parlent de tout, de rien, mais dans leur baratin,

Oublient que le sixième est pour Javier Conde.

 

Le miracle a ici la forme d’une transe.

Une transe orgueilleuse, un chant de liberté,

Où l’homme et l’animal entament une danse

Faite de don de soi, d’abandon effréné.

 

Chaque arabesque trace un cœur supplémentaire

Lucia et son amant rêvent les yeux ouverts.

Ce conte finit mal : la mort est désastreuse.

Mais qu’importe, après tout : Lucia est amoureuse.

 

 

 

 

 

*

kikiriki :Le torero tient la muleta de la main gauche, à mi-hauteur, et il retire brusquement l'étoffe de la vue du taureau dès que les cornes l'ont dépassé. Cette passe assez spectaculaire est une passe d'ornement inventée par El Gallo (le coq) Rafael Gomez Ortega. Le « kikiriki » est l'équivalent espagnol du cri du coq français « cocorico » en référence au surnom de son inventeur.

Trinchera : Le matador se tient de profil, la muleta dans la main droite et reçoit le taureau sur son flanc droit. Quand l'animal baisse les cornes, le matador déplace la muleta vers la gauche et vers le bas sous le mufle du taureau en lui faisant décrire un arc de cercle. Puis il ramène l'étoffe aussitôt vers lui de sorte que la bête estobligée à une contorsion. D'autres formes de trincheras plus rapides et plus accusées donnent un molinete « à la Belmonte ».